Évidence obsédante de l’absence de vide
Ronronnements et grondements environnants
Dans le vent soulevant les auvents de vitrines sordides
La Ville véloce, valse à contretemps.

Les lueurs des lampions qui luisent sous la lune
Éclairent encore les cours, au fond des corridors.
Des passants pressés piétinent pesamment le bitume.
La Ville véloce se love dans la nuit et s’endort.

Le jour qui jaillissait jadis en gerbes de gemmail
S’efface et se faufile aux fissures de ces fausses fontaines
Les crépuscules crasseux ont perdu leur costume corail
La Ville véloce se décolore et se gangrène.

Elle noue des colliers aux nuits noires de novembre
Perles pâlies par les brumes de ces passions nocives
Étoiles incertaines qui tremblent aux lucarnes des chambres
La Ville véloce s’allume aux plafonds des coursives.

Elle pleure parfois les larmes pourpres du désamour
Des enfances trop tôt fanées de fierté qu’on efface
Et de furtives flammes fauves enfièvrent les faubourgs
La ville véloce brûle enfin ses lourdes carapaces.